Même si l'assurance vie collecte la moitié de leur épargne, les épargnants connaissent mal son fonctionnement. Beaucoup se contentent de souscrire un seul contrat, ignorant qu’il est possible (et souhaitable) d’en ouvrir plusieurs. Dans les couples, il est rare que chacun ait son propre contrat, alors que l’assurance vie est, par nature, un placement personnel qui n’appartient qu’à son souscripteur. De même, dans les familles, peu de parents en souscrivent un au nom de leurs enfants, alors qu’en prenant date très tôt, il est possible de protéger leurs intérêts à venir moyennant un effort d'épargne limité.

En couple, chacun doit avoir son assurance vie

Dans les couples, mariés, pacsés ou de simples concubins, l’assurance vie est le plus souvent envisagée comme un moyen efficace de protéger le moins fortuné. Le mécanisme est simple : le mieux loti ouvre une assurance vie et désigne son conjoint ou concubin bénéficiaire en cas de décès, ce qui permet de le gratifier d’une part d’héritage supérieure à celle qui lui reviendrait normalement dans sa succession. Mais l’épargne investie reste disponible, de sorte que le souscripteur du contrat (l’assuré) peut récupérer ses fonds à tout moment jusqu’à son décès, sous forme de retraits partiels échelonnés dans le temps ou d'un retrait total.

Autrement dit, le contrat d’assurance vie est un contrat personnel qui lie assureur et assuré, sur lequel le bénéficiaire en cas de décès n’a pas de prise. Certes, ce dernier peut accepter la clause bénéficiaire, ce qui limite ensuite les possibilités pour l’assuré de procéder à des rachats, mais cette acceptation est désormais soumise à l’accord express de ce dernier, lequel n’est pas obligatoire.

Seul le souscripteur peut récupérer l'épargne investie

Il est donc essentiel que chaque membre du couple dispose d’un contrat distinct, pour se constituer une épargne en fonction de ses rentrées d’argent, récupérable à tout moment. Celui qui ne dispose pas de liquidités importantes y placera dans un premier temps un montant égal au versement initial exigé (une centaine d’euros suffisent sur de nombreux contrats). Il s’en servira ensuite pour placer les capitaux plus importants reçus à l’occasion d’évènements exceptionnels (héritage, licenciement ou vente d’un bien immobilier, par exemple). Ainsi, chacun peut librement récupérer ses fonds à tout moment, en profitant du régime fiscal de faveur lié à l’antériorité de son contrat sur les retraits effectués (voir ci-dessous).

Au contraire, si une seule assurance vie est souscrite, destinée à recevoir l’épargne des deux membres du couple, seul celui qui a souscrit le contrat peut récupérer l’argent du contrat sa vie durant ; l’autre ne pourra le récupérer qu’au décès du souscripteur, et seulement s’il a été désigné bénéficiaire du contrat en cas de décès !

Attention: Autre inconvénient de ne posséder qu'une seule assurance vie dans un couple , si l’argent placé par le non titulaire du contrat constitue un bien propre (un héritage, par exemple), l’administration fiscale peut y voir une donation indirecte faite au titulaire du contrat, lourdement taxable !

Mieux vaut avoir deux contrats en cas de séparation

La séparation d’un couple, marié ou non, entraine généralement la liquidation du patrimoine commun ou indivis constitué durant la vie commune. Or le partage ne pouvant que rarement être fait en nature, ce patrimoine (notamment les biens immobiliers) est le plus souvent vendue et les sommes récupérées sont ensuite partagées. Conjoints ou concubins se retrouvent alors à la tête d’un pécule à placer, en attendant de le réinvestir.

Si un seul des membres du couple a souscrit une assurance vie, lui seul conserve son contrat après la rupture. Il peut alors y placer les sommes issues du partage en profitant de son antériorité (voir ci-dessous). L’autre, en revanche, ne dispose d’aucune enveloppe d’épargne sur laquelle placer ce qu’il a reçu. S’il est âgé, les conditions fiscales de son placement seront moins favorables, en particulier en cas de souscription d’une nouvelle assurance vie pour en tirer des revenus…

Chacun doit prendre date le plus tôt possible

Les retraits effectués sur un contrat d’assurance vie profitent d'une fiscalité avantageuse lorsque le contrat a au moins 8 ans. Avant, en revanche, les gains récupérés sont soumis à l’impôt sur le revenu ou à un prélèvement forfaitaire. Ce régime fiscal commande à chaque membre du couple d’ouvrir son assurance vie le plus tôt possible, pour deux raisons :

- plus le contrat est ancien, plus il est possible d’effectuer des retraits partiels réguliers d’argent sur son assurance vie en franchise d’impôt, en fonction de ses besoins ;

- si chaque membre du couple est désigné bénéficiaire de l’assurance vie de l’autre, au décès du premier, le survivant peut placer sur sa propre assurance vie le capital-décès reçu et profiter immédiatement de son antériorité pour effectuer des retraits défiscalisés. Une enveloppe qui peut également servir à recevoir les fonds hérités, le cas échéant.

Au contraire, s’il ouvre son assurance vie uniquement lorsqu’il reçoit le capital-décès et la succession de son conjoint ou concubin, le survivant devra patienter 8 ans avant de profiter du régime fiscal de faveur !

Consultez l'article La fiscalité de l'assurance vie en cas de retraits >>

Les enfants ne doivent pas être oubliés

Pour préparer l’avenir de leurs enfants, nombreux sont les parents qui leur ouvrent un livret A ou un livret Jeune, dès leur plus jeune âge. Peu pensent à leur ouvrir une assurance vie. Pourtant, cette solution est tout à fait possible. Le souscripteur d’une assurance vie peut en effet être un mineur non émancipé, dès lors qu’il est représenté par l’un de ses parents.

Elle est même préférable, si l’on s’en tient uniquement à la rémunération nette offerte : celle du fonds en euros d’une assurance vie est, aujourd’hui encore, légèrement supérieure à celle des livrets défiscalisés (sauf pour certains livrets Jeune rémunérés à 4 % nets).

Surtout, il est possible d'ouvrir une assurance vie au nom d’un enfant à peu de frais. La grande majorité des contrats sont à versements libres et le ticket d'entrée est très abordable, sauf pour quelques contrats hauts de gamme. En clair, vous pouvez ouvrir une assurance vie pour chacun de vos enfants mineurs avec quelques dizaines ou centaines d'euros seulement. Vous leur offrirez ainsi une enveloppe dans laquelle les sommes qu’ils recevront jusqu’à leur majorité (donations, héritages…) pourront être placées et fructifier de manière sécurisée. Le tout sans limite, alors que les livrets défiscalisés sont tous soumis à des plafonds de versements relativement faibles (15 300 € pour le livret A, 1 600 € pour le livret Jeune). Devenus majeurs, vos enfants pourront récupérer cette épargne en franchise d’impôt, en procédant à des retraits ponctuels ou réguliers. Ils pourront aussi continuer à alimenter leur contrat qui bénéficiera de la fiscalité avantageuse applicable au-delà de 8 ans !